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Fonds euros ou produits structurés à capital garanti ?

Dans nos échanges avec des investisseurs et des dirigeants, nous constatons un intérêt croissant pour les produits structurés. Les données de marché confirment l’essor : la collecte est passée d’environ 23 Md€ en 2021 à ~42 Md€ en 2023 en France. Au sein de cette dynamique, les produits structurés à capital garanti se distinguent : leur part dans les émissions est passée de moins de 1 % à 34 % entre 2021 et 2023, et ils représentaient 27 % des produits encore en vie fin 2023.

Pourquoi cet engouement ? Un environnement de taux plus élevés facilite la construction de la garantie, de nombreux épargnants souhaitent borner le risque maximal, et les coupons affichés paraissent plus attractifs. Pour autant, capital garanti ≠ absence de risque : la garantie s’exerce à l’échéance et dépend de la solidité de l’émetteur ; en cours de vie, la valeur peut décoterun point trop rarement rappelé.

Nous sommes régulièrement sollicités pour “remplacer le fonds euros” par des produits structurés afin d’améliorer la performance, comme s’il s’agissait de supports équivalents. Ils ne le sont pas. Cet article a vocation à mettre en lumière, de manière pédagogique, tout ce qu’il faut savoir avant d’envisager de substituer du fonds euros — garanti en capital à tout instant — par des produits structurés — garantis en capital uniquement à l’échéance. L’objectif est de clarifier les différences de liquidité, de mécanique de rendement, de conditions contractuelles et de risques, afin d’établir un cadre de décision pertinent et d’éviter les déconvenues. Si des questions subsistent, nous proposons un échange en réunion dédiée : 30 minutes pédagogiques offertes pour cadrer votre situation et vos options.

Pré-requis : si le sujet est nouveau, commencer par notre repère pédagogique — « Pourquoi choisir les produits structurés ? – FAQ » (mécanique, risques, vocabulaire).

Dans nos échanges avec des investisseurs et des dirigeants, nous constatons un intérêt croissant pour les produits structurés. Les données de marché confirment l’essor : la collecte est passée d’environ 23 Md€ en 2021 à ~42 Md€ en 2023 en France. Au sein de cette dynamique, les produits structurés à capital garanti se distinguent : leur part dans les émissions est passée de moins de 1 % à 34 % entre 2021 et 2023, et ils représentaient 27 % des produits encore en vie fin 2023. Pourquoi cet engouement ? Un environnement de taux plus élevés facilite la construction de la garantie, de nombreux épargnants souhaitent borner le risque maximal, et les coupons affichés paraissent plus attractifs. Pour autant, capital garanti ≠ absence de risque : la garantie s’exerce à l’échéance et dépend de la solidité de l’émetteur ; en cours de vie, la valeur peut décoter — un point trop rarement rappelé. On ne remplace pas un socle (fonds euros) par une promesse conditionnelle (structuré) sans en accepter les règles du jeu.
*Pré-requis : si le sujet est nouveau, commencer par « Pourquoi choisir les produits structurés ? – FAQ ». *

Fonds euros : comment ça fonctionne (en vrai)

  • Ce que c’est. Le fonds euros est le fonds général de l’assureur, majoritairement obligataire (avec immobilier, actions, trésorerie). Chaque année, l’assureur sert un taux au contrat net de frais de gestion.
  • Effet cliquet & lissage. Les intérêts versés sont acquis ; la performance est lissée via les réserves (PPB).
  • Garantie & liquidité. Le capital est garanti par l’assureur à tout moment (hors frais/fiscalité) ; les rachats se font au nominal + intérêts acquis, sans dépendre d’un prix de marché quotidien.
  • Sensibilité aux taux. Les rendements suivent progressivement la courbe des taux (hausse : amélioration au fil du renouvellement, baisse : recul amorti).
  • Rôle dans le contrat. C’est le socle de sécurité et de liquidité.

Autocall « capital garanti » : la promesse… et ses conditions

  • Où ça se loge ? En unité de compte (UC) dans l’assurance vie.
  • Mécanique. Des fenêtres de rappel (trimestrielles/annuelles) peuvent déclencher le remboursement du nominal + coupon si la condition est remplie ; sinon on porte jusqu’à l’échéance.
  • Capital garanti… à l’échéance. Dans la famille « capital garanti », le nominal est garanti à maturité par la formule. En cours de vie, la valeur fluctue.
  • Sous-jacents. Pas seulement des indices actions : beaucoup d’émissions 2025 reposent sur des références de taux (ex. EONIA, CMS, etc.).
  • Rendement espéré. Des coupons cibles souvent autour de 6–7 % en 2025 (selon émetteurs/millésimes), non garantis.
  • À lire absolument. Le DIC/KID, les barrières, les conditions de coupon, les frais et le risque de crédit de l’émetteur.
    (Réfs. pédagogiques : AMF 2024–2025 ; contexte de marché : AFT/Banque de France 2025 ; dynamique de collecte : ACPR–AMF 2025.)

Comparer sans se tromper

  • Objectif. Fonds euros = stabilité, disponibilité ; structuré = performance conditionnelle (il « paie » le risque si les conditions se réalisent).
  • Rendement. Fonds euros : rendement prudent et lissé ; structuré : coupons conditionnels (6–7 % cibles, non garantis).
  • Risque. Fonds euros : mutualisation assurantielle ; structuré : dépendance au marché (niveau du sous-jacent aux fenêtres/à l’échéance) + risque émetteur.
  • Liquidité. Fonds euros : rachat au nominal + intérêts ; structuré : rachat à la valeur de marché (niveau sous-jacent, taux, spread) → perte possible hors échéance.
  • Conclusion. Les structurés « capital garanti » ne remplacent pas les fonds euros ; ils peuvent les compléter si l’on accepte la durée et comprend la formule.

Gouvernance & calibrage (pratique Family Office)

Principe non négociable : gouvernance d’abord, sans exception.
Soit l’investisseur comprend précisément son investissement ; soit il délègue formellement (mandat, reporting, limites). Mais aucune décision n’est prise sans comprendre spécifiquement la formule, les scénarios, la liquidité, les frais et les risques.

  • Compréhension ou délégation. Lecture du DIC/KID, stress-tests des scénarios défavorables, règles écrites (rappel, rachat, conservation).
  • Taille de la poche. La proportion de structurés « capital garanti » dépend du profil de risque et de l’horizon ; 10–20 % du contrat peut servir de repère, à adapter au patrimoine global et aux projets.
  • Diversification forte. Diversifier par émetteur, millésime, sous-jacent, mais aussi par conditions de rappel et barrières.
  • Trésorerie & sorties. Planifier la trésorerie pour éviter une sortie forcée en marché défavorable.
  • Cohérence globale. L’allocation doit s’intégrer avec le reste du patrimoine (liquidités, fonds euros, autres UC, fiscalité, transmission).

Deux cas d’école (pédagogiques)

Cas 1 — Portage complet, stratégie opportune
Profil : dirigeant 45–55 ans, 500 k€ d’AV. 150 k€ sur un autocall « capital garanti », échéance 10 ans, fenêtres annuelles, coupon cible 6 %. Épargne de précaution externe, pas de besoin de liquidité. Le sous-jacent passe parfois sous les niveaux cibles, mais finit au-dessus d’ici l’échéance (ou rappel année 7). Résultat : nominal récupéré et coupons perçus selon la formule. Promesse tenue car l’horizon a été respecté.

Cas 2 — Mauvais calibrage, sortie avant terme
Même profil, mais 250 k€ investis. Imprévu de trésorerie en année 3 ; sous-jacent –25 %, taux en hausse : la valeur de marché cote < 100 (effet sous-jacent + taux + spread). Rachat partiel pour financer le besoin → moins-value malgré une garantie à l’échéance. Enseignement : le risque central n’est pas la formule… mais la liquidité.

À retenir / À interroger / À anticiper

  • À retenir. Les structurés « capital garanti » complètent, ils ne remplacent pas le fonds euros. La garantie porte sur le nominal à l’échéance, pas sur la valeur en cours de vie ni sur les coupons.
  • À interroger. Vos besoins de liquidité réels sur 5–10 ans ; la taille de la poche ; la diversification (émetteurs, millésimes, sous-jacents, barrières).
  • À anticiper. Un stress-test de scénarios (fenêtres, niveaux de taux/sous-jacents, rachat en marché défavorable) et une lecture intégrale du DIC/KID.
    Prochain pas. Nous pouvons réaliser un diagnostic & stress-test de votre poche structurée (30 min) pour valider le calibrage et la cohérence d’ensemble.

Références (FR)pour situer les ordres de grandeur et la pédagogie :
Cartographie des produits structurés commercialisés auprès des investisseurs particuliers en France – ACPR–AMF (avril 2025)

Les informations présentées sur ce site sont purement éducatives et illustratives. Chaque situation patrimoniale est unique et nécessite une analyse personnalisée – aucun contenu ne peut être considéré comme un conseil en investissement personnalisé. Les performances passées présentées dans nos contenus ne préjugent pas des performances futures. Les marchés financiers sont par nature incertains et les résultats peuvent varier significativement selon les conditions de marché. La gestion de patrimoine est un métier qui requiert expertise et expérience. Deux options s’offrent à vous : vous former pour acquérir cette expertise et devenir autonome dans vos décisions, ou vous faire accompagner par des professionnels qui mettront leur savoir-faire à votre service. L’essentiel est d’éviter l’improvisation.

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Rédigé par

Darioush Mery

Passionné par l’humain avant tout, Darioush transforme des concepts juridiques et financiers complexes en solutions concrètes pour votre patrimoine. Son approche unique allie expertise technique et sens de la pédagogie, faisant de chaque rendez-vous un moment privilégié pour construire votre avenir financier.

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